Chroniqueur à La Presse et au 98,5 FM et coanimateur du talk-show Deux hommes en or (Télé-Québec), Patrick Lagacé fait partie du paysage médiatique depuis longtemps. Le chemin parcouru depuis ses débuts fut riche en enseignements : voici 5 choses que le journaliste a apprises au fil de sa carrière.
1. Dire oui quand on commence
En terminant ses études en communications à Ottawa, Patrick Lagacé a accepté un poste dans un hebdo à Hawkesbury alors que tous ses camarades cherchaient à travailler dans les grandes métropoles. « Je n’avais aucune attache, donc aucune raison de refuser. Les autres levaient le nez sur les postes en région, mais moi, je voulais travailler. Je dis souvent d’ailleurs aux étudiants en comms ou en journalisme que dans le domaine, il n’y a pas d’emplois, mais il y a de la job… Oui, tu vas travailler le soir, la fin de semaine… Mais si tu n’es pas prêt à ça, tu n’aimes peut-être pas assez ça et tu devrais essayer de te trouver autre chose. »
Chose certaine, dans son cas, ce fut une bonne décision : « Ça m’a donné des habiletés. Le fait de rentrer chez les gens, peu importe l’histoire à couvrir, m’a permis de devenir capable de parler au monde dans toutes les situations. Une carrière, au fond, c’est comme jouer au billard : au début, quand tu casses les boules, tu ne sais pas où les boules vont partir. Tu ne sais pas quelle décision va changer ta vie, où ça va te mener. Il faut donc se mettre dans des situations où on va apprendre des choses professionnellement, où on aura l’occasion de progresser et de se faire remarquer. » Il raconte que plusieurs de ses amis d’université, qui ont accepté des postes en relations médias à 16 ou 17 $ de l’heure, ne travaillent pas en journalisme aujourd’hui. « Moi, je suis celui qui a accepté la job à 10 $ de l’heure à Hawkesbury… C’était une forme d’audace, oui, et ça a été payant au final. »
2. Ne pas avoir peur d’embrasser l’instabilité
Le père de Patrick a travaillé toute sa vie pour la Ville de Laval : la sécurité d’emploi, il connaît. Quand il a appris que son garçon passait de journaliste d’hebdo, un emploi stable, à un poste sans permanence au Journal de Montréal, il lui a demandé, plein d’appréhension : « Es-tu sûr?… » Pour Patrick, la question ne se posait pas. Le poste correspondait à ce qu’il cherchait en termes de défis et à où il se sentait rendu dans son cheminement, peu importe si la précarité l’attendait au détour. Il retiendra plus tard qu’avoir peur de se mettre en danger, une crainte normale et légitime au demeurant, peut nous faire passer à côté de jolis tremplins.
3. Ne pas avoir peur de déranger le monde…
On a souvent besoin des autres pour régler des choses et pour progresser, mais vient un temps où on doit prendre l’initiative pour faire avancer les choses. Et notre attitude fera souvent en sorte que ça marchera ou pas. « Je me souviens du rédacteur en chef du Journal de Montréal : quand quelqu’un lui laissait un message pour solliciter un stage ou un emploi, il raccrochait en plein milieu de l’appel et ne rappelait pas la personne. Il m’a dit : C’est un métier où on dérange le monde, alors il rappellera. Et c’est vrai. » Patrick Lagacé signale que si les gens ne rappellent pas tout de suite, c’est très souvent parce qu’ils sont pris ailleurs pour l’instant. Il souligne surtout qu’on peut parvenir à vaincre cette timidité malvenue au fil du temps. « C’est un muscle, ça se travaille! Si tu ne le fais pas du tout, tu ne le feras jamais. On a tous nos peurs… » Parfois, il faut plus que cogner aux portes, on doit aussi y donner de bons coups de pied!
4. … ni de couper des ponts lorsque nécessaire
« Se mettre du monde à dos quand on est chroniqueur, c’est inévitable, ça va avec la job. Au travail, je me suis non seulement brouillé avec des gens, comme ça peut arriver à n’importe qui, mais je les ai sortis de ma vie. Pourquoi? Parce que ces gens-là étaient toxiques pour moi, parce qu’ils jouaient dans ma tête, ce qui arrive plus souvent qu’on pense dans les milieux de travail. C’est comme arrêter de fumer. C’est dur, mais tu respires mieux après. » Bien s’entourer s’apprend avec le temps et l’expérience, mais dans le doute, suivre son intuition est rarement une erreur.
5. Utiliser la curiosité comme moteur
« Dans tous les milieux, il y a moyen de faire les choses différemment », répond le chroniqueur quand on lui demande la place qu’il accorde à la créativité dans son travail. Le journaliste dit avoir été un enfant hyperactif, cultivant sa nature curieuse à travers son goût pour la nouveauté et les « choses qui brassent ». Quand son patron au Journal de Montréal lui a proposé en 2004 de traverser le Canada sur le pouce, c’était oui tout de suite, car ça représentait une nouvelle façon de couvrir les élections fédérales. Ainsi, croit-il, c’est en étant curieux qu’on fait des découvertes et, par conséquent, qu’on entretient le feu pour ce que l’on aime.