Le magazine Forbes publiait en décembre dernier sa liste des 10 habiletés qui vous feraient engager en 2013. Et c’est la « pensée critique » qui arrive en première place, devant la résolution de problèmes complexes et la prise de décision. Mais qu’est-ce que la pensée critique? Et l’avez-vous?
Pour arriver à ces résultats, la journaliste Meghan Casserly a analysé les compétences les plus recherchées parmi les emplois les plus demandés en 2013. Ces résultats montrent que les candidats ne devraient pas seulement miser sur leurs compétences techniques et leur formation s’ils veulent dénicher un emploi.
Ils devraient aussi tabler sur leurs « métahabiletés ». Selon Victor Thibaudeau, professeur à la Faculté de philosophie de l’Université Laval, ces habiletés « transcendent chaque spécialité et permettent de garder la tête en dehors de l’eau ». M. Thibaudeau offre depuis peu un microprogramme en pensée critique et dialogue, une première au Québec.
Selon le philosophe, la pensée critique est la capacité de penser par soi-même. « En termes simples, c’est “de ne pas se laisser passer de sapins” », explique-t-il. D’où son importance dans le classement de Forbes. Mais plus encore, c’est « la capacité de formuler des critiques et de poser les bonnes questions ». Le professeur explique que l’on pourrait le définir comme « l’esprit de “chialage” ». Si certains l’ont naturellement, on peut également la développer selon lui.
L’autocritique avant tout
Pour illustrer l’importance de la pensée critique, M. Thibaudeau évoque le PDG d’une grande entreprise d’assurances. « Ce qui l’a le plus aidé dans son travail, ce ne sont pas ses cours de gestion ou de marketing, mais bien les lectures d’Aristote faites au collège. » Cet exemple démontre bien la pertinence des « métahabiletés ».
En milieu de travail, la pensée critique se déploie dans la capacité de dialoguer et de prendre des décisions éclairées. Pour M. Thibaudeau, l’autocritique est une partie essentielle de la pensée critique. « C’est qu’une pensée critique, véritablement critique, qui s’exerce dans le dialogue, où l’on examine les opinions des autres et, surtout, les fondements de ses opinions, conduit nécessairement à la pensée autocritique. »
Pour exercer la pensée critique en milieu de travail ou ailleurs, il faut d’abord examiner les fondements de nos propres pensées et idées et comprendre qu’elles sont questionnables. « Il est en effet assez facile d’apprendre à critiquer ; il est plus difficile, mais plus important, d’apprendre à critiquer les principes sous-jacents à nos propres opinions. », ajoute le professeur.
Devenir meilleur
« Les ingénieurs ou les actuaires sont capables d’utiliser plusieurs outils mathématiques, mais quand vient le temps de choisir entre tel ou tel outil, c’est le jugement critique qui devient important », dit Victor Thibaudeau.
Les formations offertes dans les institutions d’enseignement fournissent les compétences techniques essentielles à l’exercice des professions de leurs étudiants, mais ceux qui veulent devenir de meilleurs employés ou candidats doivent mettre de l’avant et développer leurs « métahabiletés ». Et c’est bien ce que la liste des 10 habiletés publiées par Forbes veut mettre de l’avant.
Un programme comme celui de l’Université Laval vise donc à fournir une formation complémentaire à des professionnels ou toute personne souhaitant obtenir les bons outils au développement de la pensée critique. Car, après tout, la partie facile… c’est la formation technique !