De plus en plus d’entreprises permettent à leurs employés d’utiliser leurs propres appareils (téléphone intelligent, tablette) au travail. C’est le phénomène du BYOD (pour Bring Your Own Device). Les bons et les mauvais côtés de cette nouvelle tendance.
On préfère ses propres outils
Vous êtes représentant pour une boîte d’informatique et on vous remet un BlackBerry dans le cadre de votre emploi. Vous passez votre temps à tenter de retrouver les mêmes fonctions que vous avez l’habitude d’utiliser avec votre iPhone personnel. « Au lieu de se faire imposer un choix par l’entreprise, l’employé peut fonctionner avec l’appareil qui lui plaît au travail, explique Nicolas Huet, directeur de l’innovation mobile chez Present. Voilà un des avantages qui a rendu la tendance BYOD aussi attrayante pour les travailleurs. Puisqu’ils les emploient déjà à la maison, il allait de soi de les utiliser aussi au boulot.
La moitié des professionnels qui utilisent les TI ont recours à trois appareils ou PC au travail sans qu’ils en avisent nécessairement leur employeur, d’après le rapport Info Workers Using Mobile And Personal Devices For Work Will Transform Personal Tech Markets du cabinet Forrester.
« Pour la grande majorité des gens, leur téléphone intelligent se trouve presque en tout temps à moins d’un pied d’eux », ajoute-t-il. C’est ce qui a amené cette dimension plus personnelle en milieu de travail. »
Sinon, pourquoi les employés investiraient-ils personnellement dans des appareils qu’ils utilisent pour leur entreprise?
Avec l’avènement des réseaux sans fil, des communications unifiées, des services infonuagiques, de la virtualisation des systèmes et autres technologies de ce genre, ils peuvent maintenant accéder à tous leurs dossiers, partout, sans avoir à se trouver sur les lieux physiques de leur employeur. Et ils s’attendent maintenant à cette flexibilité, au même titre qu’un autre avantage social.
L’amélioration de l’expérience d’utilisateur d’un appareil va aussi de pair avec la productivité, qui profite autant à l’employé qu’à l’entreprise. Selon des données de Cisco, ces gains correspondraient à 30 minutes par employé par jour, lorsque des solutions sont mises en place par l’entreprise pour encadrer l’utilisation d’appareils personnels. L’entreprise réduit par le fait même son budget en TI puisque les coûts des appareils mobiles, des applications et des services de données sont à la charge des utilisateurs.
L’envers de la médaille
Le côté un peu plus sombre de la mobilité pour les employés, c’est qu’elle a aussi contribué à faire disparaître la frontière entre le travail et la vie privée. En étant connectés partout où ils se trouvent, les professionnels décrochent moins, même en vacances, et sont plus sujets au stress et à l’épuisement professionnel. Deux travailleurs sur cinq avouent en effet avoir l’habitude de rester en contact avec le travail pendant leurs vacances, selon un sondage de CROP-CRHA 2015.
Du côté de l’employeur, la venue de tous ces nouveaux appareils pose de nouveaux problèmes de sécurité. En cas de vol ou de perte de la tablette ou du téléphone personnel, les données de l’entreprise peuvent être compromises. Malgré ce risque grandissant qui découle de l’ampleur du phénomène BYOD, seulement 6 % des entreprises auraient mis en place un programme structuré pour intégrer les appareils personnels des salariés, selon la firme Forrester, une compagnie indépendante de technologie et d’études de marché. « Le déploiement de solutions MDM, des serveurs et des applications qui prennent en charge les appareils mobiles permet de configurer ceux-ci de manière à séparer les données professionnelles des données personnelles », précise Nicolas Huet. Une sécurité accrue qui avantagera autant l’entreprise que l’employé.
La tendance BYOD est définitivement là pour longtemps. Reste maintenant à mieux gérer la pratique pour que les utilisateurs et les entreprises y trouvent leur compte.