Son bureau reste vide. Son écran éteint et la chaise désertée rappellent l’absence. Lorsqu’un collègue décède, c’est tout son environnement de travail qui est en deuil. Comment gérer un tel événement ?
La première chose à faire, lorsque survient un décès, c’est d’évaluer les circonstances du drame, estime François Courcy, psychologue organisationnel et professeur à l’Université de Sherbrooke. « Si le décès s’est produit sur le lieu de travail, il faut débriefer l’équipe, dit-il. Dans le cas d’un suicide, il faut s’assurer que personne d’autre n’a de pensées suicidaires. »
Il mentionne par exemple que si l’employé s’était confié à son patron, ou s’il lui avait envoyé une lettre d’adieu, le malaise engendré doit être dénoué le plus rapidement possible.
Du temps pour commémorer
François Courcy mentionne aussi l’importance de libérer des heures afin que tous les employés puissent se rendre aux funérailles et, ainsi, exprimer leurs condoléances à la famille. Geste simple, mais symbolique, l’employeur peut transmettre la date et l’horaire des commémorations à l’ensemble des travailleurs. « On marque ainsi l’importance et le respect qu’on porte au défunt », souligne François Courcy.
Les cadres peuvent également s’assurer que tous les employés se rendent ensemble aux funérailles. Ils peuvent aussi organiser une collecte pour l’achat d’une couronne de fleurs et d’une carte afin que chacun puisse contribuer à l’hommage du défunt.
Lors des commémorations, le gestionnaire ou le dirigeant de l’entreprise peut prendre la parole et rendre hommage au défunt au nom de toute l’entreprise et de ses collègues. Les employés peuvent également soutenir la famille de leur collègue décédé en préparant des cadeaux tels que des plats préparés et congelés pour le mois de deuil qui suivra.
Lors du retour au travail, les dirigeants devront être attentifs à l’état d’esprit de leurs employés et être conciliants si ceux-ci ont besoin de voir leur tâche allégée.
Comment remonter le moral des employés ?
Après le choc du décès, lorsque la poussière retombe, l’employeur est invité à mettre en place du soutien psychologique par le biais du programme d’aide aux employés (PAE). Pour inciter à la confidence, le PAE doit dédramatiser le fait de se confier. « Être triste, c’est normal. Il ne faut pas banaliser la peine », dit François Courcy, professeur de psychologie à l’Université de Sherbrooke et spécialiste de la santé psychologique au travail.
Le professeur suggère qu’un intervenant du PAE rencontre l’équipe en deuil. Le dirigeant doit lui aussi être impliqué dans le processus afin de montrer l’exemple. Cela incitera les employés à participer au programme.
Parler plutôt que se taire
Que ce soit des gestes spontanés, ou des manières de faire inscrites dans la charte de l’entreprise, l’employeur devrait toujours avoir à cœur de ne pas laisser un tabou s’installer. « Devant la mort, nous vivons un immense malaise », indique François Courcy, qui voit là un symptôme de notre culture de performance. Pourtant, pour lui, rien n’est plus contre-productif que le silence et le déni du décès.
Prévoir des espaces de discussion durant les pauses et les repas permet aussi à tous de discuter, sans se sentir coupables de ressasser l’événement. À travers son PAE, l’entreprise a aussi tout avantage à proposer des sessions d’information sur le deuil. En tout temps, les employeurs doivent garder à l’esprit que personne ne peut se « remettre au travail et ne plus y penser », rappelle François Courcy.