Si le candidat est souvent stressé lors d’une entrevue, le recruteur doit lui aussi gérer ses émotions. Comment les appréhender et les manier de façon positive ? Conseils d’experts.
Les émotions du recruteur ne sont que peu prises en compte : ce dernier doit être neutre et sûr de lui. Pourtant, dans la réalité, émotivité, empathie ou irritation sont fondamentales dans le processus de recrutement, selon Didier Dubois et Émilie Pelletier, CRHA, associés de HRM Groupe, une firme spécialisée en ressources humaines. « Nous ne sommes pas des robots, lance M. Dubois. La dimension humaine est très importante. » Comment ne pas se laisser emporter par les émotions ?
Une bonne préparation
Dans un contexte de pénurie de talents dans beaucoup de secteurs, les délais pour faire les entrevues sont de plus en plus courts. « Un des grands dangers pour un recruteur est de ne pas être bien préparé à la rencontre, c’est là que les émotions peuvent prendre le dessus », note M. Dubois. Pour être précis dans les compétences à mesurer, il préconise l’utilisation d’une grille d’évaluation, élaborée en amont. « Une grille bien faite va pondérer les compétences, cela permet donc de rationaliser l’entrevue », ajoute-t-il. De son côté, Mme Pelletier rappelle l’importance de prendre le temps de bien analyser le CV des candidats.
Ne pas se laisser envahir
Par ailleurs, certains candidats sont capables « de mettre de la poudre aux yeux », selon les deux experts. Ils sont de bons vendeurs, c’est pourquoi il faut se référer à des éléments mesurables. Il est par exemple intéressant de demander de raconter des situations concrètes dans lesquelles le candidat a dû faire valoir certaines compétences. « Sinon, on risque de se perdre, d’être uniquement sous le charme ou bien irrité par un candidat », détaille M. Dubois.
Rester neutre vis-à-vis du candidat reste aussi fondamental, pour ne pas se laisser aller à la subjectivité. « Il faut s’assurer de ne faire dire que ce que l’on souhaite entendre, avoir une attitude professionnelle permettra d’aller chercher adéquatement ce dont on a vraiment besoin », commente Mme Pelletier.
Des émotions nécessaires
Attention toutefois à ne pas trop nier ses émotions en tant que professionnel RH, car elles jouent tout de même un rôle important. « S’il est intéressant qu’un recruteur soit capable de contenir ses émotions, il demeure un être humain, et si l’échange n’est pas agréable, personne n’en sort gagnant », estime Mme Pelletier. Il faut apprendre à reconnaître ses émotions, mais surtout savoir s’en servir à bon escient, notamment pour créer une atmosphère plaisante lors de l’entrevue ou séduire les potentielles recrues. « On se rappellera toujours que sur le marché actuel, une entrevue est un échange d’égal à égal, insiste M. Dubois. La compagnie a un emploi à offrir, mais le candidat a un talent à proposer en contrepartie. » Les émotions contribuent à parler avec passion de l’entreprise, elles permettent de bien la vendre.
Positives ou négatives, les émotions sont fondamentales dans le processus de recrutement. « Je crois que dans 98 % des postes, l’interaction humaine est vraiment très importante », conclut M. Dubois.
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