Le sexisme est toujours présent pour les travailleuses. Existe-t-il des moyens que l’entreprise peut mettre en place pour lutter contre ce fléau ?
En réunion autour d’une table avec des collègues, une professionnelle intervient auprès de son supérieur qui a le regard baladeur. Elle lui lance : « Pourrais-tu cesser de regarder mes seins, s.v.p. ? »
Cette anecdote n’est pas fictive. Quand François Courcy, psychologue organisationnel et expert du harcèlement en milieu de travail relate l’événement, il ne mâche pas ses mots. « Ce genre d’intervention suscite immédiatement la honte. Et c’est ce qui fonctionne ! » Si l’effet n’est pas complètement permanent, il peut être suffisamment dissuasif pour améliorer le climat de travail dans une entreprise où des individus se croient encore permis de considérer les femmes comme des objets. Ou du moins, éradiquer les comportements problématiques.
Pour éviter ce genre de situation et éradiquer le problème en amont, François Courcy croit en l’adoption d’une politique d’équité basée sur les sexes, pour les entreprises. « On a aujourd’hui une compréhension plus large, plus sensible et nuancée de ce qu’est l’identité sexuelle. » Le contexte social aidant, les entreprises sont plus outillées pour mettre en place des mesures équitables pour les hommes et les femmes. Les mesures sont majoritairement en lien avec l’affichage des postes. Certaines politiques préconisent aussi un code de vie basé sur le respect entre les sexes dans la vie quotidienne, mais sans tenter de faire l’inventaire exhaustif des gestes à proscrire.
Pour que cette politique soit appliquée, il doit évidemment y avoir un effort concerté pour sensibiliser les gens à la respecter. Les mécanismes ? On peut par exemple nommer une vigile destinée à rappeler les règles en vigueur. Si quelqu’un (homme ou femme) est victime de sexisme, elle sait à qui s’adresser pour le dénoncer. On peut aussi établir une chaîne, entre l’employé plaignant, les ressources humaines et le supérieur immédiat, pour que le problème soit rapporté facilement en haut lieu.
« Les patrons doivent montrer l’exemple », signale aussi François Courcy. En étant en situation d’autorité, le cadre se doit d’être attentif à ses propres préjugés ou ses propres travers. Ne pas avoir le regard baladeur en fait partie.
Dans certains milieux, des situations sexistes sont établies depuis trente ans. Le fait que ça dure depuis longtemps, « ce n’est pas une bonne raison ! Il faut oser faire différent », dit François Courcy. Et ceux qui ont le courage de leurs convictions et se risquent à changer les stéréotypes devraient être encouragés à agir en ce sens, mentionne l’expert.
Quelles sont les raisons des inégalités salariales ?
Même si les comportements machistes ont diminué dans les milieux de travail, il n’en demeure pas moins que le sexisme moderne existe encore. Pour mettre au jour les grandes tendances reliées à l’égalité entre les genres, la firme Havas a effectué une étude d’opinion.
En matière d’égalité, même si les participants interrogés croient qu’hommes et femmes sont aussi intelligents, honnêtes, travaillants, responsables, créatifs et dignes de confiance, seulement trois personnes sur quatre croient que les femmes font d’aussi bons patrons que les hommes. Un peu plus de 60 % des répondants considéraient qu’il n’y a pas assez de femmes aux postes de direction.
Selon les répondants, le salaire encore inégal entre hommes et femmes s’explique par trois principales raisons. Les préjugés sexistes demeurent, les femmes ne négocient pas ou ne défendent pas leur droit à un meilleur salaire et ce sont les hommes qui imposent encore et toujours les règles. Preuve qu’il reste encore de la sensibilisation à faire, même du côté des dames ? À 91 %, les femmes de l’étude sont « fortement d’accord », lorsqu’on leur demande si les femmes et les hommes qui occupent un même poste devraient avoir le même salaire. Les hommes répondent dans le même sens à 84 %.
À lire aussi:
Des avantages plus avantageux qu’une augmentation de salaire
Comment l’intelligence artificielle change-t-elle le recrutement ?
L’auteur du fameux mémo chez Google aurait-il dû être congédié ?
_______
– Suivre Workopolis sur Twitter
– Afficher une offre d’emploi sur Workopolis maintenant