Ralentir la cadence, c’est ce que souhaiteraient 78 % des travailleurs occidentaux, selon une nouvelle étude internationale. Un désir qui reflète la perception d’avoir un horaire trop chargé et de manquer de temps à passer avec ses proches.
Cette étude que l’Observatoire Société et Consommation a menée pour l’Institut de recherche et d’échanges sur la mobilité de la SNCF a été réalisée à la fin de 2015 auprès de 12 074 travailleurs en France, en Espagne, en Allemagne, aux États-Unis, au Japon et en Turquie.
Parmi ceux-ci, 51 % voudraient travailler moins et 74 % croient que le rythme de vie de la société actuelle est trop rapide. Plus important encore, 90 % souhaitent accorder plus de temps à leurs proches et 89 % à eux-mêmes.
« Quand j’entends que les gens veulent être maîtres de leur horaire et passer plus de temps avec leurs proches, c’est qu’ils aspirent à la perception d’avoir plus de choix et de temps pour leurs êtres chers, indique le professeur titulaire à l’ESG UQAM, psychologue et conseiller en ressources humaines agréé Jacques Forest. Tout est une question de perception, et on peut agir là-dessus. »
Pour être satisfait, l’individu doit sentir que ses trois besoins psychologiques fondamentaux, soit l’autonomie, la compétence et l’affiliation sociale, sont comblés. « C’est comme pour l’alimentation : si on s’assure d’avoir tous les groupes alimentaires du Guide canadien, on augmente nos probabilités d’être moins malade et plus en santé », illustre le professeur.
<strong>Désencombrer son horaire</strong>
Pour Jacques Forest, la solution est propre à chaque individu, mais il est possible de mettre en place les conditions qui satisfont ces trois besoins, et ce, peu importe l’entreprise qui nous emploie. Dans tous les cas, cependant, il faut se laisser du temps libre et ne pas surcharger son horaire : « La perception d’abondance du temps est un facteur contributif au bien-être. Être tout le temps efficace n’est pas bon, il faut avoir des épisodes à ne rien faire. »
Même son de cloche chez René-Louis Comtois, formateur et propriétaire de la firme de gestion de temps Formations Qualitemps. Avec les loisirs, le travail et la famille, « on a surchargé tout notre horaire, on veut tout faire et ça mène à une certaine impatience. Il n’y a pas de temps vide, il n’y a plus de frontières entre les activités. Parmi les gens qui veulent plus d’activités sociales, demandez combien d’entre eux éteignent leur cellulaire quand ils sont avec un ami… »
44 % des participants de l’étude souhaitent d’ailleurs réduire leurs déplacements, alors que 58 % voudraient organiser leur temps de travail plus librement. « Nous avons une aversion à la perte de temps, comme dans le transport. Pourtant, il faut apprendre à profiter de ces moments inoccupés », estime René-Louis Comtois. Ceux-ci permettent de faire le vide et de ne pas subir son horaire. La demi-heure passée dans l’autobus peut même servir à lire ce livre qu’on se promet d’entamer depuis des mois !
Selon René-Louis Comtois, avoir plus de temps signifie se consacrer plus entièrement à chaque sphère de sa vie et ne pas laisser les différentes sphères empiéter les unes sur les autres. « Ça demande de prioriser et d’établir un système de valeurs. Or, on aime rarement choisir. »