Femmes et postes de direction: un frein nommé désir

Femmes et postes de direction

Les femmes s’estiment tout aussi capables que les hommes d’occuper des postes de direction. Mais le veulent-elles réellement ? C’est une autre histoire, constatent des chercheuses de Harvard.

Au-delà du plafond de verre, si les femmes sont sous-représentées dans les échelons supérieurs des organisations, c’est entre autres parce qu’elles n’éprouvent pas le même attrait que les hommes pour les postes de pouvoir. C’est du moins ce que concluent trois chercheuses de la Harvard Business School dans une étude publiée en août 2015. Leurs travaux – qui synthétisent neuf études réalisées auprès de 4000 personnes – jettent un regard frais sur la disparité hommes-femmes dans les postes de direction. Les femmes s’estiment tout aussi aptes que leurs pairs masculins à occuper le fauteuil du patron, selon elles, mais y voient moins d’intérêt qu’eux.

D’où vient cette désaffection? Les femmes associent généralement les positions de cadres supérieurs aux conflits et aux compromis, observent les chercheuses. Or, elles préfèrent les approches de travail « communautaires et holistiques », alors que les hommes sont davantage mûs par des valeurs de performance et de leadership.

Recadrage

Il est clair que plus on s’approche du sommet d’une organisation, plus les femmes se font rares. En 2015, moins de 5 % des postes de PDG des entreprises inscrites au palmarès du magazine américain Fortune étaient détenus par des femmes. Au Canada, selon l’enquête Catalyst 2013, elles occupaient 16 % des sièges des conseils d’administration des sociétés figurant dans le classement Financial Post 500. La thèse soutenue par les chercheuses de Harvard pour expliquer ce phénomène remet les pendules à l’heure, estime Danielle Labre, associée principale chez Vézina Nadeau Labre, un cabinet-conseil spécialisé en ressources humaines. En 30 ans de pratique, cette coach et consultante a vu défiler maints cadres des deux sexes dans son bureau. Elle n’est pas surprise de constater que les postes de pouvoir sont beaucoup moins désirables aux yeux des femmes qu’à ceux des hommes. « Il est réducteur de dire que les femmes n’ont pas accès à des postes de direction uniquement à cause du plafond de verre et des boy’s club de ce monde. C’est clair que les questions de choix entrent aussi en ligne de compte. »

Les tractations politiques font toujours partie du paysage des organisations d’aujourd’hui, particulièrement au sommet de la hiérarchie, note la spécialiste. L’étude souligne notamment l’inconfort des femmes face à ces jeux de coulisses, qu’elles sont une majorité à trouver contraignants. « Les hommes sont plus portés à voir cette contrainte comme un jeu. Les femmes y prennent moins de plaisir. » La bonne nouvelle de l’étude réside dans le fait que les filles ne doutent plus de leurs capacités à occuper un poste de direction. « Elles sont conscientes de leur valeur en termes de compétences. Aujourd’hui, elles se demandent plutôt : « Je suis capable de relever ce défi, mais en ai-je envie ? Est-ce que ça répond au style de vie que je veux ? ». »

Tant que prédominera le style de leadership où le patron tout-puissant porte tout sur ses épaules, plusieurs femmes se tiendront à l’écart des fonctions supérieures, conclut Danielle Labre. En grande partie par choix.

 

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