Mains baladeuses, commentaires à caractère sexuel, avances non désirées : le milieu du travail n’est pas exempt de comportements déplacés. Même si les campagnes dénonçant la culture du viol se multiplient, pour améliorer la situation, encore faut-il savoir reconnaître le harcèlement sexuel lorsque l’on en est témoin…
Le harcèlement sexuel peut prendre plusieurs formes. « On parle de toutes les attentions, les avances non désirées à connotation sexuelle, qui provoquent la crainte, l’inconfort et qui nous menacent dans notre bien-être et notre emploi », décrit l’intervenante au Département de relation d’aide du Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail (GAIHST), Sonia Vallières.
Selon la Commission des normes du travail du Québec, le harcèlement sexuel comprend des avances sexuelles non désirées, des commentaires d’ordre sexuel inappropriés, des questions intimes, des regards concupiscents (indécents), des sifflements, des contacts physiques non désirés et l’affichage de matériel pornographique.
Comme pour le harcèlement psychologique, cela implique une notion de répétition, par exemple les commentaires déplacés incessants d’un collègue, mais un seul acte grave, comme un attouchement, suffit pour à du harcèlement sexuel.
Une identification importante
La notion de non-consentement de la victime est cruciale pour identifier le harcèlement sexuel. « À partir du moment où une personne est mal à l’aise face au comportement d’un collègue, et qu’elle ne consent pas, il s’agit d’une situation de harcèlement sexuel au travail », selon la Table de concertation sur les agressions à caractère sexuel de Montréal.
Si l’on est témoin de ce type de comportement au bureau, il est important d’offrir son appui à la victime, souligne Sonia Vallières. « Le harcèlement sexuel se fait habituellement derrière des portes closes, alors la victime est souvent isolée et n’a personne vers qui se tourner. Savoir qu’elle a un soutien dans ces événements extrêmement pénibles lui redonne espoir. Ça l’aide à reprendre le pouvoir sur la situation et à dénoncer. Mais on ne peut pas dénoncer pour elle », insiste-t-elle.
Ainsi, seule la victime peut porter plainte auprès de son employeur : une plainte écrite formelle peut aider à faire avancer le dossier mieux qu’une plainte verbale. Si l’employeur n’intervient pas malgré tout, la victime peut s’adresser à la Commission des normes du travail. Il s’agira toutefois d’une plainte contre l’employeur pour ne pas avoir garanti un milieu de travail sain et non contre le harceleur lui-même. Le GAIHST offre d’ailleurs un accompagnement gratuit, personnalisé et confidentiel pour toute victime de harcèlement sexuel au travail.
Pour instaurer un climat de travail sain, Sonia Vallières conseille aux employeurs de mettre de l’avant la politique de prévention du harcèlement sexuel afin de définir clairement la marche à suivre. Tous doivent savoir qu’une plainte ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd. « Les employés se sentent plus en confiance de dénoncer, et ça peut stopper certains comportements problématiques qui pourraient prendre de l’ampleur, explique-t-elle. Il y a encore des gens qui ne savent pas ce qu’est le harcèlement sexuel, qui font des gestes sans savoir qu’ils sont répréhensibles. Parfois il y a une façon de faire tellement ancrée qu’ils ne s’en rendent pas compte. La formation et la sensibilisation sont utiles pour prévenir. »
Il est de la responsabilité de l’employeur d’assurer le bien-être de ses employés, mais chacun d’eux doit être conscient de la portée de ses gestes…
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