Il manque de diplômés dans le domaine des effets spéciaux

par François Joly

Montréal est un leader mondial dans le domaine des effets spéciaux cinématographiques. Or, ce secteur spécialisé est en pénurie de main-d’oeuvre. Pourquoi?

Les studios d’effet spéciaux de Montréal chauffent présentement au rouge. Les contrats s’accumulent, notamment chez Technicolor qui a annoncé fin juin la création de 180 nouveaux emplois dans la métropole. Ce n’est que la plus récente vague d’embauche pour l’entreprise française qui a vu son nombre d’employés au Québec passer de 200 à 800 en seulement quelques années.

L’expansion est si rapide que le studio qui a produit les effets spéciaux du dernier film de la série X-Men affirme avoir de la difficulté à recruter de nouveaux talents. Le problème est en partie attribuable au rythme de croissance effréné qu’a connu cette industrie, mais également à la structure du marché du travail.

Une charge de travail inégale
« Ce sont presque toujours des emplois de nature contractuelle », explique Isabelle Marazzani, coordonnatrice au campus ADN. Contrairement à l’industrie du jeu vidéo, qui offre souvent des emplois à temps plein, les artisans du secteur des effets spéciaux sont souvent à la remorque des grands studios américains. Les contrats sont fréquemment fragmentés ou sous-traités à d’autres studios par manque de compétences ou de ressources dans un certain domaine.

Les entreprises d’effets spéciaux n’ont pas le contrôle sur toute la chaîne de production comme dans le cas du jeu vidéo. Elles ne sont pas non plus propriétaires du produit qu’elles fabriquent, ce qui rend plus difficile le maintien d’une charge de travail constante.

Formation insuffisante
Les grands studios réclament que la formation dans les écoles de cinéma et d’animation soit plus calquée sur les besoins du marché du travail. Il existe effectivement peu de programmes spécifiquement consacrés aux effets spéciaux. Technicolor a par exemple créé sa propre académie au sein même de son studio afin de former ses nouveaux employés. « C’est difficile étant donné que les effets spéciaux regroupent en fait quatre ou cinq professions, explique Isabelle Marazzani. Ce sont des métiers surspécialisés. »

Une main-d’oeuvre en demande
Ce manque relatif de main-d’oeuvre s’explique également par la grande demande pour les artisans des arts visuels, et ce, dans toutes sortes de domaines. Plusieurs diplômés en cinéma ou télévision qui pourraient être intéressés par un emploi dans le secteur des effets spéciaux se trouvent du travail dans d’autres secteurs. « Le développement de l’audiovisuel, ça touche tout le monde, explique Pierre Lesage, responsable des programmes à l’École des métiers du cinéma et de la vidéo. Là où on aurait autrefois mis une affiche, on va mettre une vidéo et on s’attend à avoir une qualité comparable à celle que l’on voit au grand écran. »

La situation pourrait cependant changer. Plusieurs institutions d’enseignements attendaient de voir si la tendance allait se maintenir et si la solidité du secteur des effets spéciaux allait se confirmer avant de se lancer dans de nouveaux programmes de formation. Les récentes annonces d’embauche en ont certainement convaincu plusieurs. Le Québec devrait donc produire de plus en plus d’artisans de la magie du cinéma.

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