Les femmes performeraient moins bien en entrevue face à un intervieweur masculin aux biais sexistes cachés. Une récente étude met en lumière les performances des femmes en entrevue avec des conclusions étonnantes.
L’étude, publiée dans le magazine <em>Psychology of Women Quarterly</em>, a demandé à des intervieweurs d’associer des noms d’hommes et de femmes à des adjectifs positifs et négatifs afin de détecter des biais sexistes implicites. On leur a aussi demandé leur vision sur les femmes et leur place au travail, pour vérifier ces mêmes biais, puis ils ont réalisé de fausses entrevues avec des candidates femmes.
Devant des intervieweurs qui se disaient en faveur de l’égalité des sexes, mais dont le langage corporel affichait du désintéressement, du dégoût ou de l’ennui, le résultat était clair. Les femmes perdaient peu à peu confiance.
Une conclusion étonnante, mais compréhensible aux yeux des chercheurs, puisque le langage non verbal compte pour 55 % de la communication. Le ton représente 38 % du message, et la signification des mots, 7 % seulement. Donc si l’intervieweur se dit en faveur de l’égalité des sexes, mais regarde son cellulaire et bâille sans arrêt pendant que la candidate parle, elle sera complètement déstabilisée.
« L’employeur est aussi en entrevue. Il doit faire son pitch de vente pour acquérir un nouveau talent dans son entreprise, fait valoir Ginette Desforges, associée chez BrioRH, qui se spécialise dans le recrutement et les techniques d’entrevue. Cela tient aussi au professionnalisme du recruteur. S’il intervient de façon non appropriée, il démotivera le candidat, peu importe que ce soit un homme ou une femme. »
<strong>Authenticité</strong>
Selon le psychologue et auteur Yvon Dallaire, plus la personne en face de soi est authentique, plus elle favorisera l’ouverture. La candidate qui perçoit un double message dans le langage verbal et non verbal sera inquiète et confuse, minant sa performance en entrevue.
« Si on sent que l’intervieweur n’est pas transparent, cela crée un malaise. On s’écrase ou on se révolte, mais dans les deux cas, on est dans la réactivité. Si l’autre est transparent, en harmonie avec lui-même, même s’il a des préjugés sexistes, on est en mode proactif. On est davantage en mesure de s’affirmer », explique-t-il, admettant qu’il s’agit d’un paradoxe.
<strong>Différent au Québec</strong>
Cependant, la situation pourrait être différente au Québec, où l’égalité hommes-femmes a beaucoup progressé. Ginette Desforges croit que le facteur culturel et les valeurs pèsent lourd dans cette étude, qui ne vise pas les Québécois en particulier.
La hiérarchie au travail est beaucoup moins rigide au Québec qu’en Europe, par exemple, ce qui pousse les employés à s’impliquer dans leur entreprise. En retour, ils s’attendent à une forme de reconnaissance. Ginette Desforges se dit surprise, puisqu’elle n’a jamais rencontré de chercheur d’emploi qui ait été confronté une telle situation au point où l’entrevue ait été bousillée.
Selon elle, les conclusions de l’étude seraient semblables s’il s’agissait d’une femme intervieweuse ou d’un homme interviewé. Tout le monde possède certains biais, affirment les auteurs de l’étude. Les reconnaître diminuera leur impact dans la recherche du match parfait employeur/employé. Maintenir sa confiance en soi devant l’adversité et bien se préparer, un remède assuré.