Offrez-vous des horaires de travail flexibles? Proposez-vous des congés familiaux? Peut-on travailler de la maison quelques jours par semaine? Les candidats recherchant de plus en plus la conciliation travail-famille, ces questions deviennent inévitables dans les discussions d’embauche.
Selon Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), ces questions sont surtout posées par les jeunes recrues à la recherche d’une meilleure flexibilité que leurs prédécesseurs. « Avec le taux de chômage moins élevé que par le passé, les jeunes peuvent désormais choisir l’endroit où ils veulent travailler, remarque-t-il. Ils lancent un message aux entreprises : mettez en place des pratiques et des politiques et faites en sorte que le travail à domicile ainsi que les horaires flexibles soient possibles. »
Et les organisations emboîtent le pas. Monia Boulais, consultante en gestion des ressources humaines et fondatrice de MB Ressources humaines, affirme accompagner plus d’entreprises que par le passé à l’égard de cette mesure. « C’est devenu un moyen pour les organisations de se démarquer et de favoriser la mobilisation du personnel », explique la spécialiste.
Une mesure qui réduit les coûts
Selon une étude menée par l’Institut national de santé publique du Québec, les travailleurs vivant avec une mauvaise conciliation travail-famille sont moins satisfaits de leur emploi que ceux qui n’éprouvent pas de difficultés à équilibrer ces deux sphères de leur vie. L’absentéisme, le roulement du personnel et les problèmes de santé qui en découlent entraînent des coûts supplémentaires pour les employeurs. Ainsi, qu’elle soit implantée par choix ou sous la pression de la nouvelle génération, la conciliation travail-famille est avantageuse pour les organisations.
Toutefois, selon Monia Boulais et Michel Leblanc, la conciliation travail-famille ne doit pas être qu’une mesure d’attraction. Il faut l’implanter de façon équitable dans l’organisation et s’assurer que tous les employés se sentent libres d’en profiter, sans en abuser.
Rappelons que le Bureau de normalisation du Québec a créé une certification conciliation travail-famille pour encourager les entreprises à mettre en place de bonnes pratiques. À ce jour, huit entreprises sont certifiées.
La rémunération garde son importance en 2018
« Le salaire de base est redevenu le premier critère d’attraction et de rétention », signale Bertrand Lambert, président et consultant en rémunération et développement de l’engagement chez Matière Grise Ressources humaines. Dans une situation de pénurie de main-d’œuvre, on ne peut pas se permettre d’être en dessous du marché. »
Toutefois, il n’y a pas que la rémunération qui pèse dans la balance en 2018. Celle-ci est parfois mise de côté pour une meilleure conciliation travail-famille ou pour des avantages pécuniaires indirects : déplacements payés, abonnement à une salle de sport, rabais sur différents services, etc. « C’est difficile d’être compétitif sur le salaire, car il y a tout le temps quelqu’un qui est prêt à payer plus, note Bertrand Lambert. À l’inverse, ce n’est pas tout le monde qui peut offrir des horaires flexibles, une garderie ou un gym. »
Avec le développement des technologies, les entreprises font également preuve de plus de transparence sur les salaires offerts. Une tendance qui était moins présente par le passé pour éviter que les employés se comparent aux autres échelons. « C’est devenu facile d’avoir accès à des données et de savoir le salaire offert par un concurrent, fait valoir le spécialiste. Ça force les employeurs à mieux structurer leurs échelles salariales, leurs pratiques et leurs politiques. »
Si la rémunération garde son importance en 2018, force est de constater que la crédibilité de l’entreprise dépend désormais de bien d’autres facteurs : l’époque où le salaire était négocié sous pression serait-elle enfin révolue ?