Au Canada, de nombreuses personnes handicapées ayant un niveau élevé d’éducation sont tout de même au chômage. Une étude de l’université de Guelph a démontré que les personnes handicapées sortant de l’université avaient moins de chances de trouver un emploi, et ce, pour un moindre salaire. En ces temps de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, les employeurs ont-ils le luxe de se priver de ce talent ?
L’étude, elle-même basée sur la cohorte de 2005 de l’Enquête nationale auprès des diplômés, révèle des écarts de rémunération importants entre les diplômés handicapés et non handicapés de divers domaines d’études. De plus, les diplômés atteints d’un handicap sont plus désavantagés pour obtenir un emploi, moins susceptibles d’être employés à temps plein, et ils sont surreprésentés parmi les chômeurs et les travailleurs à temps partiel.
Des écarts patents
Évidemment, le degré de sévérité et la nature du handicap a un impact important sur la situation d’emploi. Ainsi, selon Statistique Canada, les personnes atteintes d’une maladie mentale ou de problèmes cognitifs ont plus de difficulté à dénicher un emploi que les personnes atteintes d’un handicap physique. Ce n’est pas tout: en moyenne, les diplômés handicapés qui trouvent du travail gagnent de 4 000$ à 6 000$ de moins annuellement.
Or, les universités canadiennes ont adopté diverses mesures, au cours des dernières années, pour permettre un meilleur accès aux étudiants handicapés. Selon Brad Seward, l’un des coauteurs de l’étude, les établissements d’enseignement devraient aussi en faire plus pour préparer les futurs diplômés à entrer sur le marché du travail, et ce, qu’ils soient handicapés ou non. Les diplômés en sciences sociales, par exemple, ont des compétences utiles sur le marché du travail, mais souvent, ils ne savent pas comment canaliser ces compétences vers les bons emplois ni comment les vendre aux employeurs.
Au Québec, sur quelque 750 000 personnes handicapées, environ 400 000 sont aptes au travail, mais seulement 120 000 ont un emploi, ce qui signifie que leur taux d’emploi est de seulement 35%, comparativement à 70% pour le reste de la population. Parmi les obstacles à l’embauche, on note que les inquiétudes ou préjugés des employeurs vis-à-vis des handicaps jouent un rôle significatif. Les employeurs peuvent s’inquiéter, par exemple, des adaptations qu’ils devront apporter au poste de travail pour qu’il puisse être utilisé par l’employé handicapé.
Une panoplie de ressources
Il est pourtant moins compliqué qu’on ne le croit d’embaucher un travailleur handicapé, mais les entreprises ignorent l’existence des ressources à leur disposition pour faciliter les choses. Des organismes comme les membres du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées (ROSEPH) peuvent les aider à sélectionner les candidats, à adapter les postes de travail et à naviguer dans les formalités administratives pour recevoir des subventions. Pour les employeurs, le ROSEPH offre une gamme de services, souvent gratuits, incluant des sessions d’information et de sensibilisation pour le personnel, l’accompagnement individualisé et l’entraînement de l’employé à son poste, la formation du personnel chargé de superviser l’emploi, et le suivi individuel en emploi pendant plusieurs mois.
Avec une telle aide disponible, les employeurs n’ont plus d’excuses pour ne pas puiser dans un bassin de travailleurs souvent très motivés et désireux de faire tous les efforts nécessaires afin de s’intégrer au marché du travail.