Psychopathe au travail

Psychopathe

Votre collègue vous paraît si cruel et sans-cœur que vous l’avez surnommé le psychopathe ? Vous n’en pouvez plus de déjouer ses jeux de coulisses, son sang-froid vous glace les os et il s’approprie votre travail ? Vos doutes pourraient se confirmer.

Rassurez-vous, un psychopathe n’est pas nécessairement violent ou criminel. Dans le répertoire le plus utilisé en psychologie, le DSM, les psychopathes sont classifiés avec les autres troubles de la personnalité : paranoïaques, schizophrènes, narcissiques, borderlines, antisociaux et autres. Bref, ne croyez pas automatiquement que votre voisin de bureau est un tueur en série.

Les identifier

Votre patron est froid, peu empathique et il ne semble pas avoir d’émotions. Il présente les mêmes caractéristiques qu’un psychopathe dit « primaire », qui en plus d’être insensible à autrui ne ressent pas l’anxiété et la peur. Inquiétant peut-être, mais pas autant que le psychopathe « secondaire ». Par contraste avec le primaire, son impulsivité est exacerbée, il est incapable de planifier froidement ses actions. « Il ne peut pas penser plus loin que le bout de son nez, il va prendre ce qui l’intéresse », précise Gérard Ouimet, professeur de psychologie à HEC Montréal.

Il met toutefois en garde : « Il faut additionner les traits pour poser un diagnostic, sans quoi rien n’est confirmé. » Tout comme on ne peut diagnostiquer une grippe à partir de symptômes de fièvre.

M. Ouimet ajoute qu’un trouble de la personnalité vient rarement seul. Ainsi, les bandits à cravates, entre autres les responsables de fraudes, de collusion, d’évasion fiscale à grande échelle, seraient affectés par la « triade sombre ». En plus d’être des psychopathes primaires, ils présentent des caractéristiques du narcissisme et du machiavélisme. Conclusion ? « Pour eux, leur fin justifie les moyens… n’importe quels moyens qui fonctionnent sans souci des conséquences pour autrui. Leur sens éthique n’est pas très développé », décrit Gérard Ouimet.

S’en protéger

L’agression peut être indirecte, sans crime de sang, mais un psychopathe reste problématique en milieu de travail. Il faut avoir le réflexe de s’en protéger… ou même de fuir le milieu toxique si votre santé mentale est en jeu. « Il faut évaluer stratégiquement ce qu’on a comme mesure de protection. Si le psychopathe est votre patron et qu’il a 26 ans, ça va être long. Mettez votre CV à jour et cherchez à relever des défis ailleurs », recommande M. Ouimet. C’est qu’on ne peut changer un psychopathe, et qu’il ne consultera jamais de psychologue.

Surtout, ne fournissez pas de munitions supplémentaires à ses jeux de manipulateur insensible. « Évitez de vous retrouver seul avec lui. Ne lui laissez pas d’accès à votre vulnérabilité, gardez votre côté privé pour vous », résume le psychologue de formation. Oubliez les photos de famille sur les murs du bureau et les confidences à la machine à café sur votre nouveau cours pour faire avancer votre carrière.

Niches privilégiées

Heureusement, « la psychopathie n’est pas très répandue », s’exclame M. Ouimet. Certains milieux ont un plus fort pouvoir d’attraction sur les psychopathes. « Ils sont notamment attirés par le pouvoir, on en voit donc plus au sommet qu’à la base », explique-t-il. Les employeurs qui exigent d’être prêts à tout pour atteindre le sommet ou ceux qui font pression sur la performance à coup d’indicateurs chiffrés sont susceptibles de les recruter.

Restez donc sceptique devant l’excellence et le charisme, sans tomber à votre tour dans la paranoïa!

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