Avec la multiplication des outils technologiques, la frontière entre travail et vie personnelle se fait de plus en plus floue. Il n’y a plus rien d’exceptionnel pour un employé à consulter ses courriels du travail le soir ou la fin de semaine. Est-il temps de mettre en place une politique anticourriel après les heures de bureau ? Des chercheurs américains pensent que oui.
Si elle a ses avantages pour l’employeur, cette culture de l’intrusion électronique peut avoir des effets néfastes sur la santé des travailleurs en augmentant leur niveau de stress. Ce sont les conclusions de l’étude Exhausted But Unable to Disconnect, réalisée par des chercheurs de trois universités américaines et rendue publique récemment. L’étude portait plus précisément sur un aspect jusqu’à maintenant peu exploré de la question : l’impact des attentes d’une organisation en matière de courriels sur l’équilibre travail-vie personnelle des employés.
Un détachement difficile à opérer
Selon les chercheurs, le simple fait de s’attendre à ce qu’un employé réponde à ses courriels du travail en dehors des heures normales crée un « stress d’anticipation » chez les travailleurs et influence négativement leur capacité à se détacher du boulot.
En France, depuis 2014, il est interdit par la loi d’envoyer des courriels professionnels après 18 h. Le texte de la loi El Khomri, une nouvelle et controversée loi française du travail, mentionne à l’article 25 que « Le développement des technologies d’information et de communication, s’il est mal géré ou mal régulé, peut avoir un impact sur la santé des travailleurs. Entre autres, la charge de travail, la surinformation et l’effacement des frontières entre vie privée et vie professionnelle sont des risques associés à l’utilisation de la technologie numérique. »
Faut-il interdire les courriels le soir, ou du moins restreindre leur envoi aux heures où l’employé, en principe, est à la maison en train de se reposer et de passer du temps en famille ?
Selon les auteurs de l’étude américaine, sans aller aussi loin que les lois françaises, on peut du moins instituer des pratiques visant à mitiger les effets négatifs de ces courriels et à protéger les employés à long terme. Ils suggèrent par exemple d’établir des règles concernant la disponibilité en dehors des heures de travail, avec des mesures telles que les « week-ends sans courriels » ou des horaires rotatifs qui permettront aux employés de mieux gérer leur travail et leur vie familiale.
« De telles politiques peuvent non seulement réduire la pression sur les employés à répondre après les heures de travail et les soulager d’un épuisement découlant du stress, mais elles serviront aussi à envoyer le signal que l’organisation se soucie d’eux et les soutient », mentionnent les auteurs de l’étude.
Aux États-Unis, plusieurs entreprises ont déjà lancé des initiatives en ce sens. Ainsi, sans interdire les courriels le soir, certaines d’entre elles établissent une heure limite à ne pas dépasser, tandis que d’autres garantissent des « soirées sans courriels » un ou deux jours par semaine.
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